Écrit par Khader MOULFI
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18 Décembre 2006
La Coalition Nationale des Harkis et des Associations de Harkis ouvre sa tribune : Le traité d'amitié CHIRAC/BOUTEFLIKA !!!
"La sinistre farce du traité d'amitié franco-algérien" par Jérôme DI COSTANZO.
La sinistre farce du traité d'amitié franco-algérien !!!
Par Jérôme DI COSTANZO (écrit le 17 novembre 2006)
C'est un vieux serpent de Mer, qui à la suite du voyage de Jacques Chirac en Algérie en 2005 a fait sa réapparition : le traité d’amitié Franco-Algérien. Ce fut le voyage de Giscard d’Estaing dans les années 70, qui fut un fiasco, suite aux propos de Boumediene concernant la colonisation. Puis, les années Mitterrand, avec la visite de Claude Cheysson à Alger, près de 50 ans de tentative de réconciliation à l’initiative de la France qui se terminent la plupart du temps en camouflé diplomatique. Partant toujours dans un grand élan fraternel, nous nous « ramassons » au final à la suite à d’une ultime bravade révolutionnaire de la part du gouvernement FLN. Nous voici repartis encore une fois à la poursuite de cette hydre de la diplomatie française. Avant la fin de cette année devrait être signé le traité d’amitié Franco-Algérien. C’est pour anticiper le fiasco futur de ce traité, qu’il faut comprendre les enjeux réels et intérêts des protagonistes.
Pour Bouteflika :
Il veut préparer sa sortie, car le régime FLN est à bout. Et de plus les futurs investisseurs américains en Algérie, ne parient pas un dollar sur lui. Ils n’ont pas besoin d’intermédiaire dispendieux. C’est pour cela qu’il brandit une dernière fois le drapeau sanglant de son régime. "C’est la faute de la France ! " et elle a bon dos.
Dans un ultime délire extatique, il espère rallier à sa cause le peuple Algérien. Faire revivre une dernière fois le jour de l’Indépendance avant de quitter la scène : voilà ce que veut Bouteflika, espérant un ultime rappel, il n’aura vécu que dans le mensonge d’une Indépendance, qu’il n’a jamais accordée aux Algériens. Nous entamons des négociations avec un régime sur le départ, nous parlementons avec un président en fin de règne. C’est la première aberration de ce traité.
Pour Jacques Chirac :
Nous avons observé récemment, ce qui pourrait être les prémices de la stratégie de Jacques Chirac pour sa réélection avec la sortie en fanfare du film « Indigènes », la réversion rétroactive des pensions des anciens combattants d’outre-mer, l’étouffement de l’affaire Redeker et les plates excuses au gouvernement islamiste turc à propos de la loi sur le génocide Arménien. Chirac veut-il séduire l’électorat musulman ? En effet, Le président pourrait compter sur les voix des 6 millions de français musulmans, soit à peu prés 10% de l’électorat Ce qui avec un électorat de base estimé, au pire, à 15%, en additionnant ces 10 derniers, lui permettrait d’atteindre les 25%. Il battrait ses propres scores aux deux précédentes élections présidentielles, cela lui permettrait d’être au second tour, devant qui ? Soit devant un Nicolas Sarkozy coupé de sa base, soit devant une Ségolène Royal épuisée par les luttes internes du PS ou devant un Jean-Marie LEPEN pour une seconde fois. On comprend aisément que notre Président est prêt à toutes les concessions et en particulier, à accepter ce traité dit d’amitié pour acquérir le vote de l’immigration ou issu de l’immigration.
Ce traité serait comparable aux accords d’Evian qui sont restés lettre morte rappelons le. Le cessez-le-feu prévu par ces accords n’a jamais été respecté, 300 soldats français sont morts entre la signature et le jour de l’Indépendance.
Les populations européennes n’ont jamais été protégées : 5000 disparus pour cette période, et les rapports de la Croix-Rouge récemment dévoilés prouvent l’implication du FLN dans ces assassinats. N’oublions pas les harkis au nombre de 100 000 ou plus, massacrés, torturés.
Par la suite les intérêts économiques et militaires français ont été remis en question dès les premières années de l’Indépendance. Les accords de paix d’Evian ont été une lugubre farce où la France fut le dindon. Et fort est de constater l’amateurisme du gouvernement Gaulliste de l’époque, qui par son empressement à clore le dossier de l’affaire Algérienne, a accepté tous les affronts et humiliations. Aujourd’hui nous payons les conséquences de cette crédulité ou négligence. Nous allons refaire avec ce traité, un Evian Bis, tout en voulant préserver les intérêts français nous allons inévitablement, en négociant avec Bouteflika, faire un marché de dupe.
Cela me fait dire que le traité d’amitié sera une triste farce. Ce qui devait être un traité d’amitié établissant les relations entre deux pays, ne servira en fait que des intérêts électoraux et personnels. Comme l’a souligné justement Nicolas Sarkozy lors de son voyage à Alger, le 13 novembre 2006, à propos du traité « c’est une histoire entre le Président de la République et M. Bouteflika, c’est entre les deux chefs d’état, je ne suis pas là pour signer le traité ». On ne pouvait pas mieux résumer les enjeux purement personnels des deux seuls et uniques signataires.
Nous nous réengageons en ce moment la même mascarade diplomatique et il en devient désespérant de voir que les relations franco-algériennes sont un exutoire pour certains et une opportunité pour d’autres.
Où sont les souffrances des européens, le martyr des harkis, le calvaire du peuple Algérien, sans oublier l’exil des opposants au régime FLN et les appelés du contingent qui ont sacrifié leurs 20 ans ? Trop d’absent, beaucoup trop de peine étouffée au nom de la raison d’état.
Les principaux acteurs de cette stratégie sont les grands absents de ce traité. C’est pour cela que cet accord d’Evian bis sera une mascarade de plus dans les relations Franco-Algériennes. Et nous serons obligés de rejouer la même comédie perpétuellement, tant que nous ne regarderons pas l’Histoire avec impartialité, sans finalité politique.
Jérôme DI COSTANZO