23 Février 2007
Les Enjeux de la Repentance Coloniale
Par Jérôme DI COSTANZO
Les "antipatriotes de gauche" : Jack LANG, Dominique STRAUSS-KAHN, François HOLLANDE et Ségolène ROYAL (Parti Socialiste) !!!
Le "félon from Chiraquie" : Jacques CHIRAC et le "gnome despotique du FLN" Ziziz BOUTEFLIKA !!!
Le début de cette année a vu l’entrée dans la campagne présidentielle, de la question de « la repentance coloniale ». Ségolène ROYAL a "ouvert le bal" avec sa charge contre le « néo-colonialisme » sévissant dans les Antilles durant le mandat de Giscard. Jack LANG a enchaîné, lors d’une conférence à Alger, qui avait pour sujet la « reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation » en Algérie. L’ancien ministre de la culture déclara : « Il faut réformer les manuels scolaires français qui présentent une histoire idyllique du colonialisme » et inviter à « décoloniser les mentalités » et il se dédouana de la politique de Guy MOLLET en affirmant que lui appartenait à la "génération anticolonialiste" qui s’était opposée à Guy MOLLET est par la même à un François MITTERRAND. Enfin il conclut en disant qu’il y a « un devoir de réparation historique ».
Mais le plus surprenant fut les "confidences", de Jacques CHIRAC, à Pierre PEAN. Selon « Marianne », le président aurait affirmé, à propos de la colonisation, que : "Après leur avoir volé leur culture, on leur a volé leurs ressources, leurs matières premières en se servant de leur main-d’œuvre locale". On leur a tout piqué et on a répété qu’ils n’étaient bons à rien. Maintenant, c’est la dernière étape : "On leur pique leurs intelligences en leur distribuant des bourses, et on persiste à dire de ceux qui restent que ces Nègres ne sont décidément bons rien !». Curieuse confession venant d’un homme qui est aux commandes de l’Etat depuis 12 ans, et associé ponctuellement à ce dernier depuis plus de 30 ans ! Et c’est maintenant qu’il parle alors qu’il va finir son mandat !
Le passé colonial, de la France, est un bien étrange débat, entre opportunisme électoral pour ROYAL et LANG et une sorte de pseudo confession post-mandat bien amère pour Jacques CHIRAC. Mais c’est sous ces prises de positions, bien démagogues, que se dessine un enjeu bien plus important.
L’Histoire de la colonisation n’a jamais été occultée ou embellie, par la France, comme le laisserait entendre les propos de l’ancien ministre de l’éducation nationale. La torture pour exemple fut dénoncée assez rapidement par toute l’intelligentsia de l’époque. Et le sujet fit l’objet d’une littérature foisonnante allant de « la question » aux mémoires d’AUSSARESSES. Et rappelons les documentaires, d’Yves COURRIERE, dans les années soixante-dix et celui des années 90 de Benjamin STORA, sur cette thématique, qui ont été loin d’être compatissants avec le rôle joué par la France. Il y a depuis l’indépendance un débat permanent et sans concession sur la colonisation. Les Archives françaises concernant la période sont ouvertes, à tous les historiens ou chercheurs et, cela depuis une dizaine d’année. Il n’y pas de sujets tabous ou d’Histoire occultée, le sujet fait toujours débat. Il n’y pas d’amnésie française à propos de son passé colonial. On peut dire que c’est presque le contraire, car ce sujet passionne toujours et fait l’objet de discussions virulentes.
Ce qui n’est pas le cas dans les anciennes colonies, rappelons-le. Il y a une histoire officielle « des martyres » de la colonisation, et les chiffres augmentent en fonction des besoins de la propagande. Nous pouvons observer un "gouffre" dans les estimations historiques. Rappelons pour exemple que les estimations du « massacre de Sétif » varient entre moins de mille morts dans les rapports de l’armée française de l’époque à 45 000 pour l’Histoire officielle du FLN.
Et le fait de savoir si « la colonisation est Positive ou pas » ne tient en aucun cas de l’analyse historique, le Moyen-Age positif ou pas ? L’Empire romain positif ou pas ? La découverte de l’Amérique c’est bon ou pas ? La nature morale de la colonisation ne peut en aucun cas faire l’objet d’un jugement Historique compte tenu des formes multiples qu’elle a prises durant l’histoire. Pouvons nous comparer l’Histoire coloniale du Sénégal, avec celle du Vietnam ? Ou la colonisation du Québec avec la civilisation gallo-romaine ? Il n’y pas eu Une colonisation mais des colonisations, et trancher la question brutalement pourrait tronquer la vérité historique plutôt que de la rétablir.
Il est curieux de constater qu’une ancienne puissance coloniale comme le Royaume-Uni n’a pas à faire face à ce genre de problème de passif Impérial. Malgré une colonisation qui a été aussi violente que celle de la France. Rappelons la répression après la grande mutinerie de 1856, la bataille d’Omdurman, dont un CHURCHILL bien que conservateur et partisan de l’Empire, fut choqué par la brutalité de Lord Kitchener. Dans les années trente il y eut le massacre du temple d’Amritsar. Et le Royaume-Uni dans ses guerres d’indépendance fut devant les mêmes dilemmes militaires que l’armée française, ce fut le cas en Malaisie, au Kenya contre les Mau Mau. Et aussi, bien que la nature coloniale du conflit soit discutable, en Irlande du Nord : avec le Bloody Sunday, et les assassinats de membres de l’IRA par les forces spéciales. Le Royaume-Uni fut une puissance coloniale alors pourquoi n’est-il pas touché par le problème de repentance ?
Tout simplement parce que dans leur décolonisation, les Britanniques n’ont pas que donné une autonomie, ou envisagé une Histoire séparée, mais ils ont eu des exigences démocratiques, ce fut le cas à Singapour, Aden, en Inde, ainsi que la Gold Coast et le Nigeria. Et ils ont connu des échecs avec l’Ouganda et l’ancienne Rhodésie. La décolonisation doit permettre, aux peuples, de s’émanciper démocratiquement, et non de vivre sous la férule d’une idéologie dogmatique. Il y a eu un processus démocratique exigé lors de l’indépendance et cela a été pérennisé par les conditions d’adhésion au commonwealth.
C’est pour cela que la France hérite de son problème de repentance, car fort est de constater les lacunes de liberté des pays demandant des réparations. C’est le cas de l’Algérie, où il n’y a eu aucune exigence sur le plan démocratique et pluralité au moment de l’indépendance. Suite à un referendum français, on abandonna l’Algérie au FLN. Nous n’avons pas à proprement parler « décolonisé ». Les 100000 Harkis massacrés, les 5000 Pieds-Noirs disparus et les 300 soldats français tués malgré la signature des accords de « cessez-le-feu » d’Evian sont là pour témoigner de l’empressement qu’avait le gouvernement gaulliste de l’époque à clore le dossier.
C’est ainsi qu’il serait bon, qu’aujourd’hui dans notre travail de mémoire, allant vers une repentance au conditionnel, que nous demandions avant tout, des gages démocratiques, à nos interlocuteurs : comme la pluralité dans les élections, le respect des libertés politiques ainsi que religieuses, et l’abolition des discriminations ethniques ou d’origines. Mettre le processus de la mémoire sous conditions c’est garantir l’objectivité de ce travail, qui ne pourra ainsi en aucun cas servir les intérêts d’une propagande officielle ou la justification d’une nouvelle répression ou épuration par exemple.
Il faut ici replacer le phénomène de la repentance dans son contexte géopolitique. Qui a été la Conférence contre le racisme de Durban, sous l’égide des Nations-Unies, en septembre 2001. C’est à la suite, de cette conférence, que certains pays émirent le vœu, de voir les anciennes puissances coloniales faire des réparations. Englobant ainsi les méfaits de la colonisation certes mais, aussi, l’esclavagisme. Cette conférence réunissait 170 pays et se déroulait un an après le commencement de la seconde Intifada et la remise en question de l’aide financière au gouvernement palestinien. Cette dernière disparaissant en corruption et armement de groupes terroristes.
Mais si nous revenons, sur les exemples américains et anglais, nous nous apercevons que leur communautarisme ou leur discrimination positive sont des formes de repentance. Pour les Etats-Unis, c’est l’esclavagisme et la ségrégation qui en découla et pour le Royaume-Uni c’est son empire colonial en Asie et en Afrique. Ce système est d’ailleurs, aujourd’hui, remis en question de plus en plus dans ces pays, pour la simple et unique raison qu’il ne facilite pas la mixité sociale. Cela prouvant que tout communautarisme doit se limiter dans le temps et avoir des conditions et des objectifs bien déterminés.
Soyons donc sur nos gardes avec les phrases simples des compatissants de la repentance. Car Il ne s’agit pas que de faire confessions de crimes commis en d’autre temps par d’autre français. Le débat va plus loin et si nous ne sommes pas vigilants et exigeants cela pourrait entraîner bien d’autres malheurs, alors Mesdames, Messieurs les politiciens: arrêtez de jouer avec le feu.
Jérôme DI COSTANZO
N.D.LR. La Coalition Nationale des Harkis et des Associations de Harkis a tenu à vous proposer, via l'article de Jérôme DI COSTANZO, une analyse différente et externe, sur cette insupportable "repentance abusive en vogue", afin d'obtenir un autre "son de cloche" que celui des Harkis, leurs Familles et des Pieds-Noirs, sur cette "autoflagellation nationale" et, force est de constater que nos avis sont, relativement, convergents hormis quelques "points de détail". Néanmoins, nous n'acceptons pas le terme excessif, de "crime colonial", dès lors où même le "peuple français" subissait, en son temps, les foudres des "puissants" (le bagne à vie pour un vol de pain, l'armée qui tirait sur les foules lors des grèves prohibées à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, ...), car tout se doit d'être remis dans son contexte historique et chronologique.
Khader MOULFI
Contact : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.